Le 16 avril 2017, les citoyens turcs seront appelés aux urnes à l’occasion d’un référendum constitutionnel visant à accroitre la présidentialisation du régime et la mainmise du Président et de son parti au pouvoir l’AKP sur l’ensemble des institutions de l’Etat turc ainsi que sur les minorités du pays. Ce référendum s’inscrit dans un contexte d’état d’urgence en Turquie qui a offert à Recep Tayyip Erdogan une opportunité de réprimer et d’atrophier toute opposition politique à son parti au pouvoir l’AKP. Aujourd’hui, le projet politique soumis à référendum constitutionnel et porté par Erdogan vise à entériner dans le régime de droit commun les dérives autoritaires intervenues sous couvert d’état d’urgence et à instaurer un régime dictatorial qui n’aura de démocratique que l’apparence.
C’est dans ce contexte que plusieurs Etats européens, parmi lesquels l’Allemagne et les Pays-Bas ont fait le choix d’interdire la tenue de meetings politiques de divers responsables gouvernementaux en faveur du oui à la réforme constitutionnelle. Ces décisions fortes – ayant pu conduire à interdire la venue de responsables gouvernementaux turcs sur les territoires considérés – ont été légitimement motivées par le fait que ces meetings visaient à promouvoir l’instauration d’un régime plus dictatorial et moins défenseur des droits de l’homme, à l’opposé des standards européens, mais ont également été justifiées par la nécessité de veiller à une neutralité du débat démocratique, de tels meetings de propagande ne pouvant en tout état de cause pas être organisés par une opposition politique muselée.
Le Comité de Défense de la Cause Arménienne déplore que la France n’ait pas encore fait le choix de s’aligner sur la position de ses partenaires européens en laissant se dérouler ce dimanche un premier meeting de campagne animé par Mevlut Cavusoglu, ministre des affaires étrangères turc et en appelle aux autorités gouvernementales françaises afin qu’à l’instar de ses partenaires européens, elles interdisent, au nom du débat démocratique et de la préservation des régimes pluralistes, la tenue de prochains meetings gouvernementaux en faveur du oui au référendum constitutionnel turc sur le territoire de la République française. Il attire également leur attention sur la nécessité de veiller à ce que les conditions dans lesquelles le scrutin électoral aura lieu en France correspondent aux standards démocratiques, garantissent l’accès de tous aux urnes et préservent l’ordre public sur le territoire de la République française.
Il a sollicité un rendez-vous avec le Ministère de l’Intérieur français afin de lui faire part de ses préoccupations et d’échanger avec lui sur les conditions dans lesquelles le scrutin aura lieu sur le territoire de la République française afin que la France, à l’instar de ses partenaires européens, ne laisse pas les principes de pluralisme et de démocratie violés sur son territoire à l’occasion de la campagne et du scrutin du référendum constitutionnel turc.
Fait à Paris le 12 mars 2017